Comprendre la terre

Il est important de comprendre les actions que l’on fait et de ne pas faire mécaniquement ce que la majorité pratique sans nous soucier des conséquences de nos actes car çà fonctionne depuis des années.

Amendements

– Doit-on amender sa terre ou avons-nous la chance que celle-ci soit déjà équilibrée sur le plan minéral. Trop argileuse, trop sableuse, trop calcaire.

Différentes sortes d’amendements existent selon le sol.

Dans notre région, beaucoup de sols sont sablo argileux ou argilo sableux et c’est une chance pour nous car les amendements, si nécessaires, seront légers et pourront être réalisés petit à petit.

Démarrage

– Ensuite, selon l’état du sol et la saison où l’on démarre l’activité sur un sol enherbé il faudra couvrir le sol de bois raméal fragmenté (BRF) ou de végétaux sur une bonne épaisseur ou s’il ne l’est pas semer un engrais vert ou des légumes dits « pionniers » tels que les haricots, fèves, etc . . .Utiliser la moutarde comme avant-culture pour assainir le sol et l’enrichir.

En aucun cas bêcher sauf cas réellement extrêmes d’un sol plombé. (Très rare)

Entretien

Le sol, ensuite il faudra continuer à le couvrir, de préférence par des cultures successives ou engrais verts et à défaut un paillis de végétaux récoltés sur place ou venus d’autres cultures, quelques adventices et dans les cas extrêmes par du carton brun ; le sol ne doit jamais rester nu .

Comment le sol peut-il donner des légumes sans engrais ?

– Vaste question qui nous amène à aborder la vie du sol et la photosynthèse.

On va démarrer de la décomposition sur le sol des végétaux par les bactéries, champignons, vers de terre et le reste de la faune épigée. Ensuite nous avons le ver de terre anécique qui voyage de la roche mère ou il emmagasine l’argile contenant le silicium, l’aluminium, le fer , le sodium , le potassium , le calcium , le magnésium , le manganèse , le phosphore , le soufre , le chlore , le bore , le zinc , le cuivre , le molybdène et vient se nourrir en surface de la litière préparée par la faune épigée.

Ces matières minérales remontées par ces vers viennent en complément de ces mêmes molécules contenues dans les matières compostées en surface. Dans son estomac il relie ces argiles à l’humus et expulse les fameuses turricules  que l’on peut voir sur le sol.

Les bactéries aussitôt s’en emparent et transforment tous ces éléments en substances solubles dans l’eau. Comme les plantes ne peuvent assimiler que ce qui est contenu dans l’eau elles trouvent tout ce dont elles ont besoin. Mais cela ne va constituer qu’environ 6% de la matière sèche d’une plante. Ces 6% vont donner le goût, la qualité nutritive de la plante.

Mais d’où viennent les 94% de cette matière sèche ?

– De l’atmosphère et de la photosynthèse, 4 éléments, le carbone, l’oxygène, l’hydrogène et l’azote. Donc si l’on ne récolte rien, comme dans les forêts, on crée de la terre. Bien sûr il faut des milliers d’années pour constituer un millimètre de terre dans nos contrées. Donc, dans nos jardins, ce que nous ne consommons pas devrait retourner au sol et de ce fait nous allons garder un sol vivant.

– La rotation des cultures a moins d’importance car les constituants se renouvellent naturellement. Cependant elle permet aussi de lutter contre les ravageurs bien que certaines associations nous aident aussi dans cette lutte.

L’objectif étant d’

Obtenir des fruits et légumes riches en oligoéléments et vitamines.

Sans travaux lourds (bêchage, motoculteur)

En ne dépensant pas d’argent pour les engrais, fertilisants, pesticides et carburant.

Et surtout

Se sentir en harmonie avec la nature en travaillant avec elle et non contre elle.

Mais certaines habitudes qui semblent fonctionner font obstacle à la conversion de certains :

Le bêchage ou labour du sol prétendument décompacteur et aérateur du sol.

Conséquences :

  1. L’humus résiduel en surface très utile car les champignons les dégradent et les bactéries rendent les oligoéléments solubles dans l’eau qui les fera parvenir aux racines des plantes, enterrées donc sans plus d’utilité.
  2. Toute la faune aérobie (besoins d’oxygène) sera étouffée en profondeur alors que celle des profondeurs (anaérobie) sera anéantie en surface.
  3. Les champignons tellement utiles car ils viennent en symbiose avec nos plantes verront tous leurs filaments (mycéliums) coupés, éparpillés et auront bien de la peine à se reconstituer s’ils y parviennent. Ils jouent pourtant un rôle important car ils fournissent aux plantes les éléments que leurs racines ne peuvent pas atteindre en échange du sucre que les plantes fabriquent par la photosynthèse. De plus ils ont un effet protecteur éliminant entre eux les champignons pathogènes. (Mildiou, etc . . . )
  4. Le CO2 tellement utile sera évaporé du sol (estimation à 1 tonne/hectare) , bien sûr que dans notre petit jardin ce n’est pas très conséquent mais si chacun le fait on arrive vite à çà. Pour les agriculteurs c’est une autre histoire.
  5. Les grands vers de terre (anéciques) qui, dans leur estomac créent la terre en mélangeant les argiles de la roche mère à l’humus de surface ne trouvent plus la matière et disparaissent.
  6. Une minéralisation de la surface du sol va le rendre instable et l’argile non attaché à l’humus va être emporté par le vent (poussières) ou par l’eau (ravinages)

Qui veut encore bêcher ?

Ensuite émiettement avec un motoculteur et tout ce qui n’a pas été détruit par le bêchage le sera car entre les deux opérations la nature aura tenté de se reconstituer et se verra à nouveau perturbée.

Il sera donc indispensable d’utiliser des engrais pour nourrir les plantes car la terre aura été empêchée de le faire naturellement.

Tant de dépenses d’énergie et d’argent pour ce que la nature peut nous donner en mieux.

. Evidemment pour que la terre remplisse ce rôle il faut l’aider, donc la nourrir ou plus exactement donner à manger à toute cette faune qui n’attend que çà. La couverture du sol n’a évidemment pas comme seul but de nourrir nos auxiliaires mais aussi de les protéger du gel, des pluies battantes et du soleil brûlant.

Le compostage de surface est le plus utile pour le sol car rien ne se perd. Les autres modes de compostage sont à utiliser si la couverture au sol devient trop importante par rapport aux cultures présentes. Mais il est évident que la dégradation sur un tas ou un composteur nourrit une faune qui va nous fournir en finalité un produit prédigéré qui aura moins d’intérêt pour la faune du sol lorsqu’on le déposera sur lui. Evidemment que ce compost présente aussi un grand intérêt et il serait dommage de s’en priver.

De plus elle va permettre de réduire les arrosages. Cette couverture devra être renouvelée de plus en plus souvent car la faune du sol va se multiplier et forcément dégrader de plus en plus vite notre compostage de surface. S’en suit une plus grande fertilité du sol.

Un sol vivant est la base de la permaculture mais bien sur une grande fertilité du sol ne s’obtient pas dès la première année et dans des sols très dégradés et compactés et donc les premières années la grelinette peut s’avérer indispensable pour créer l’aération indispensable au sol. Dès que le sol se sera amélioré on ne touche plus au sol que pour semer, planter ou récolter. Excepté pour les légumes racine on n’arrache aucune racine car elles vont participer à la vie du sol.

Tout ce qui a été vivant doit retourner à la terre.

Aucun « déchet vert » ne doit quitter le jardin !

« Déchet vert » mis entre parenthèses car il ne s’agit pas de déchet mais de matière de couverture, de compostage et donc revalorisable. Cette richesse quitte les jardins dans des ramassages organisés par les municipalités. Tout peut être recyclé et ces matières sont, en général, compostées mais loin des jardins ou ces végétaux ont été produits. Aucune matière ne devrait quitter nos jardins. Même les reliquats de légumes attaqués par des maladies doivent être compostés dans des zones dans lesquelles on ne cultivera aucun légume de la même famille ou sensible au même pathogène. La nature recycle tout et ces champignons pathogènes seront éliminés si on ne leur donne pas la plante qu’ils détruisent.

Comme 94% de la matière sèche d’une plante vient de l’air et la lumière, trois atomes, carbone, oxygène, hydrogène donc par la photosynthèse et 6% du sol mais avec plus d’une vingtaine d’atomes tels que potassium , magnésium , phosphore , fer , cuivre , zinc , souffre , manganèse etc . . . (je me répète) . Si on récupère ce que l’on ne consomme pas comme couverture du sol celui-ci se reconstitue et peu d’intrants ne seront nécessaires pour maintenir sa fertilité.

Lorsque l’on considère la quantité d’éléments différents que la terre donne aux plantes on constate qu’aucun engrais (même biologique) ne peut contenir tous ces atomes tellement importants pour la qualité nutritive de nos légumes et du fait même pour notre santé. Bien sûr, chaque légume ne prend que ce dont il a besoin et cela justifie la rotation des cultures et les associations.

Un sol vivant

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