Balade avec les Jardiniers de Maubeuge et de la Vallée de la Sambre

Chronique pour « La Sambre » du 19 mai 2023

N° 712

Les saints de glace

Les 11, 12 et 13 mai, les jardiniers ont l’œil à la fois sur le ciel et le thermomètre, parce que reviennent les saints de glace : Saint Mamert, archevêque de Vienne, décédé en 474 ; Saint Pancrace, décédé en 304 à l’âge de 14 ans, le patron des enfants ; et Saint Servais, évêque de Tongres, en Belgique, décédé en 384.

Si aujourd’hui ils ont déserté nos calendriers, c’est sur décision de l’Eglise catholique qui, en 1960, supprima tous les personnages associés à des inquiétudes agricoles, suspectés de réminiscences de paganisme, pour les remplacer par des saints et saintes sans lien avec ces croyances populaires. Et donc, à ces dates, on trouve Sainte Estelle, Saint Achille et Sainte Rolande.

N’empêche que, depuis longtemps, les dictons se bousculent pour mettre en garde les jardiniers. « Attention, le premier des saints de glace, souvent tu en gardes la trace » ou encore « Avant Saint Servais : point d’été, après Saint Servais : plus de gelée » et tellement d’autres. Si bien que des générations de gens de la terre se méfient de cette période qui s’accompagne souvent d’un net refroidissement, parfois même de gelées. Alors évidemment, si tel est le cas, les bourgeons, les fleurs des fruitiers, les jeunes plantules, les germinations courent un véritable danger. En mai, c’est un vrai problème.

Laissons de côté les explications légendaires et tentons de résumer ce que la science peut dire du phénomène. Des statistiques sérieuses montrent que la mi-mai est souvent soumise à de hautes pressions qui, dans 40 % des cas, dirigent un flux continental frais ou froid.

Un temps clair et un air sec, les ingrédients sont réunis pour que le phénomène du rayonnement soit maximum. La température au sol tend à s’équilibrer avec celle de la haute atmosphère, glaciale. Or la terre et les plantes rayonnent bien plus que l’air ambiant et donc la température du sol et des végétaux peut être négative alors que l’air, au lever du jour, peut atteindre 5°. C’est ce rayonnement par temps clair qui peut « roussir » les jeunes plantules. Pour des jardiniers, 40% des cas, c’est presque une année sur deux, c’est beaucoup, c’est souvent, d’où la croyance aux Saints de glace.

Cette année, nous n’avons eu ni temps ensoleillé ni air sec en cette mi-mai, au contraire nous avons « bénéficié » d’un temps couvert, de pas mal de pluies et même d’orages. Les saints de glace sont passés inaperçus et nos plantes ont échappé au risque de gel pendant cette période critique, même si le froid n’a pas encore dit son dernier mot.

Association Les Jardiniers de Maubeuge et de la vallée de la Sambre

Site internet : lesjardiniersdemaubeuge.fr

Les saints de glace

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