Balade avec les Jardiniers de Maubeuge et de la Vallée de la Sambre
Chronique pour « La Sambre » du 17 octobre 2025 N° 800
L’automne est bien là. Les feuilles roussissent, avant d’être emportées par le vent et de se déposer en tas au pied des arbres. Mais tous les végétaux ne perdent pas leur feuillage, certains demeurent toujours verts. C’est le cas du lierre, que tout le monde connaît mais qui est capable de nous réserver des surprises.

Hedera helix est un arbuste sarmenteux à tiges ligneuses munies de racines aériennes faisant office de crampons. Dans sa jeunesse, il rampe au sol et possède des feuilles triangulaires. En grandissant, il s’accroche aux supports qu’il rencontre, même s’ils sont lisses, et le voilà qui continue à grimper autant qu’il le peut, sur une maison, un immeuble, de vieux arbres. Contrairement au gui, ce n’est pas un parasite. Il continue à se nourrir à partir de ses propres racines.
C’est lorsqu’il atteint le sommet de son support et donc qu’il ne peut plus continuer à grimper, que le lierre nous épate. Le voilà qui se transforme. Ses feuilles deviennent ovales, avec une pointe fine. Les nouvelles tiges sont dépourvues de crampons et la plante devient buissonnante. A ce stade, le lierre change de nom latin, il devient Hedera arborea, c’est-à-dire lierre en arbre. En bouturant ce type de tiges, les horticulteurs obtiennent des arbustes persistants de 2 m de haut, généralement employés pour confectionner des haies.

Le lierre fleurit en automne. Les fruits, baies globuleuses bleu noir, atteignent leur maturité en février. Irritants voire toxiques pour les humains, ils régalent les oiseaux qui s’en délectent à une saison où la nourriture se fait rare. C’est ainsi que la gent ailée contribue à la dissémination des graines.
On entend parfois dire qu’il ne faut pas laisser le lierre grimper sur les arbres, sinon il les tue. Cette croyance se base sur le fait que, dans les forêts, les arbres couverts de lierre sont souvent les premiers à tomber en cas de tempête. Il semble donc logique d’affirmer que le lierre précipite le déclin de l’arbre.
En fait, ce n’est pas tout à fait vrai. Pour qu’il s’accroche facilement, le lierre a besoin d’un support stable. Il ne s’intéresse pas au tronc des jeunes arbres car leur circonférence augmente chaque année et donc le tronc bouge. Sur les arbres matures ou ceux dont la croissance s’est trouvée perturbée, le lierre s’installe, grimpe rapidement et recouvre le tronc en quelques années. C’est un indicateur du vieillissement ou du manque de vigueur d’un arbre, un symptôme et non la cause.

Il n’est donc pas utile d’ôter en totalité le lierre qui pousse sur un arbre ou un mur. Laissons-le vivre, c’est un de nos meilleurs végétaux persistants qui aide à stocker la pollution de nos villes.
Contact : Association « Les Jardiniers de Maubeuge et de la Vallée de la Sambre » Ferme du zoo. Allée de la Polyclinique 59600 Maubeuge. Tél : 03 27 64 32 97.
