Balade avec les Jardiniers de Maubeuge et de la Vallée de la Sambre
Chronique pour « La Sambre » du 29 décembre 2023 N° 733
On entend parfois dire que les sapins portent des épines. En fait, ce terme n’est pas exact : il faut plutôt parler d’aiguilles. Le mot « aiguilles » peut étonner car celles des conifères ne sont pas acérées, contrairement aux aiguilles que nous utilisons pour coudre, à la main ou à la machine. Les aiguilles des conifères sont en fait des feuilles dont le limbe est devenu étroit au point de ressembler à un trait ou un tiret. Vous avez peut-être déjà remarqué que certaines d’entre elles sont recouvertes d’une sorte de cire. Ainsi équipé, le sapin résiste mieux au froid, au poids de la neige, ainsi qu’à la sécheresse.
D’autres arbres et arbustes portent de vraies épines. Là, il ne s’agit pas de feuilles mais d’une pièce végétale qui fait corps avec le rameau, le tronc ou la tige. Quand on arrache une épine, une partie du bois vient avec elle. L’arbuste le plus connu dans notre région qui porte des épines est l’aubépine, dont le nom d’origine latine signifie « épine blanche ».
Quand on pense aux arbustes à épines, on songe tout de suite aux rosiers. Là encore, le terme est impropre. Ce qui rend le rosier piquant, ce sont ses aiguillons. On les reconnaît au fait qu’ils ne font pas corps avec le bois. Si on les arrache, ils ne laissent qu’une cicatrice superficielle. L’aiguillon est simplement une extension de l’écorce.
On trouve aussi le piquant, qui est un rameau secondaire transformé car il n’a pas de bourgeon terminal. Ces piquants ont une pointe terriblement acérée.
Après ces définitions botaniques, demandons-nous pourquoi certains arbres et arbustes produisent des épines. Dans la savane, dans nos forêts, des cervidés et autres herbivores recherchent des végétaux pour se nourrir. Tout ce qui pique dissuade les gourmands ! Même le houx se protège de cette façon de l’appétit des herbivores.
Certains petits oiseaux construisent leurs nids dans des arbres et arbustes épineux, ce qui met leurs nichées à l’abri des prédateurs tels que les chats, les renards, les grands corvidés. Les humains en utilisent pour créer des haies qui empêchent les troupeaux de s’échapper des prairies : c’est le cas du prunellier et de l’aubépine. Vous avez sans doute déjà remarqué chez des particuliers des haies défensives faites de pyracanthe ou de berbéris, censées empêcher les intrusions dans les jardins.
Dans les régions au climat brûlant, sur certains végétaux, les feuilles ne sont plus que des épines. Coriaces et très amincies, elles réduisent quasi à néant l’évapotranspiration. Les zones désertiques concentrent une grande variété de ces végétaux à épines, tels que les différentes espèces de cactus et les figuiers de Barbarie. Et là, attention, qui s’y frotte s’y pique.
Association Les Jardiniers de Maubeuge et de la vallée de la Sambre
Site internet : lesjardiniersdemaubeuge.fr