Balade avec les Jardiniers de Maubeuge et de la Vallée de la Sambre

Chronique pour « La Sambre » Novembre et décembre 2007

N° 26 – 27 et 28

Planter un arbre

C’est bien connu : « A la Sainte Catherine, l’arbre meurt ou prend racine. » A partir de la fin novembre et jusqu’en mars, les arbres à feuillage caduc ayant perdu leurs feuilles entrent dans leur période de repos, c’est la meilleure époque pour les transplanter.

Savez-vous pourquoi les feuilles ont jauni et sont tombées ? Tout simplement parce qu’à l’entrée de l’automne, leur quota de luminosité est atteint. Dans chaque feuille, les vaisseaux transportant la sève – qui produit la chlorophylle verte – se bouchent progressivement. A ce moment, des pigments comme la xanthophylle, le carotène et les anthocyanes donnent aux feuilles des couleurs du jaune au rouge. Et lorsque les vaisseaux se ferment complètement, la feuille sèche et tombe.

Quand l’envie de planter vous saisit, ne vous jetez pas, tête baissée, dans les ennuis : si votre arbre ou votre arbuste dépassera, un jour, 2 mètres de haut, le centre de son tronc doit se trouver à au moins 2 mètres de la limite de votre terrain. En deçà de cette hauteur, il doit être planté à 50 cm au moins de la clôture. C’est la loi.  

Et pour multiplier vos chances de réussite, tenez compte de ces principes : planter un arbre, c’est en général le transplanter, et les arbres très jeunes perdent moins de racines et supportent beaucoup mieux la transplantation. Chez le pépiniériste, si vous le pouvez, repérez le nord sur le tronc, et replantez-le en respectant son orientation : le stress sera moindre. Surtout, fuyez les jours de gel et veillez à bien protéger un arbre aux racines nues pendant le transport. Dans un coffre ouvert, sur une galerie ou une remorque, avec la vitesse, la température baisse de 1° par tranche de 10 km/h. Ainsi, par exemple, s’il fait 5°, à 90 km/h les racines nues sont à – 4°, et quand vous arrivez chez vous elles sont déjà mortes.

Au retour de la jardinerie ou de chez le pépiniériste, si vous ne pouvez pas replanter immédiatement votre arbre aux racines nues, ne l’oubliez pas dans un coin ou un garage où il se déshydratera. Creusez un trou de 30 cm de profondeur avec un côté très incliné. Couchez l’arbre au sol, les racines dans le trou, et comblez de terre meuble ; il pourra attendre plusieurs semaines dans cette jauge.

Le grand jour venu, plantez votre arbre avec méthode :

1)Creusez un trou carré, de 80 cm de côté.

2) Coupez proprement, au sécateur, les racines cassées, abîmées ou malades : c’est « l’habillage ». Ne touchez surtout pas au chevelu de fines racines, indispensables pour la reprise et l’alimentation de l’arbre.

3) Pour favoriser l’apparition de nouvelles radicelles, plongez l’ensemble des racines dans un mélange de terre boueuse, de bouse de vache, ou de poudre de pralin à délayer : c’est « le pralinage ».

4) Présentez l’arbre au milieu du trou, avec le collet – la limite fictive entre les racines et le tronc – juste au niveau du sol. Pour matérialiser ce niveau, jetez le manche d’un outil en travers du trou.

5)Tuteurez du côté des vents dominants, sans trop serrer, avec un lien souple.

6) Regarnissez le trou avec une terre meuble, tassez sans compacter, secouez le tronc pour éviter les poches d’air et ménagez une cuvette autour de l’arbre.

7) Arrosez abondamment dans la cuvette, même s’il pleut, pour favoriser le contact entre terre et radicelles. Pendant au moins deux étés, arrosez régulièrement.

S’il vous semble, avant l’été, que cet arbre reprend mal, suivez ces conseils :

1)protégez-le d’un soleil trop direct,

2)entourez son tronc d’une toile de jute que vous humidifiez régulièrement,

3)maintenez la terre fraîche au-dessus des racines  en étalant un paillage d’écorces broyées, de coques de cacao,

4)desserrez un peu le lien du tuteur

et ne désespérez pas, soyez patient.

Si vous avez procédé méthodiquement comme nous vous l’avons indiqué, vous avez multiplié les chances de reprise. Reste à espérer que vous avez songé à anticiper le devenir de ce petit arbre qui, un jour, deviendra grand.

Pensez que les racines superficielles du peuplier, du saule pleureur, du marronnier, du cèdre, seront capables de soulever allées et terrasses, de fissurer les murs des habitations ou une cuve enterrée, à moins qu’elles ne traversent carrément votre potager. L’érable, le bouleau, le peuplier, arbres à croissance rapide, risquent de taquiner assez vite les fils électriques ou téléphoniques, sous votre responsabilité. Même si vous avez respecté les 2 mètres réglementaires avant la limite, votre voisin pourra invoquer l’article 673 du Code civil, pour vous contraindre à couper les branches qui avanceront sur sa propriété.

Malgré ces précautions, si vous devez couper une grosse branche, opérez toujours au printemps, pour une meilleure cicatrisation. Et évitez de confondre élaguer et guillotiner : les professionnels éclairés sont des adeptes de la taille douce, beaucoup moins traumatisante pour l’arbre. Elle consiste à conserver la silhouette générale et à aérer la ramure en supprimant les branches mal orientées et tous les gourmands verticaux.

En suivant ces conseils de simple bon sens, vos arbres vous le rendront bien. Vous pourrez élever des variétés régionales, un arbre à cabanes, des conifères bleus, des arbres à écorces décoratives, à feuillages d’automne dignes du Canada. Peut-être même protègeront-ils votre maison. Savez-vous qu’un rideau d’arbres plantés en écran face aux vents dominants protège une zone équivalente à 20 fois sa hauteur ? Les soirs de tempête, vous leur devrez peut-être de conserver votre toiture et vous aurez fait du bien à la planète.

Planter un arbre

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