Balade avec les Jardiniers de Maubeuge et de la Vallée de la Sambre
Chronique pour « La Sambre » du 9 décembre 2022
N° 691
Les bourgeons, promesse d’avenir
Nous avons vu, dans une chronique précédente, que les arbres sont de véritables laboratoires qui stockent le gaz carbonique et rejettent de l’oxygène, grâce à la photosynthèse de leurs feuilles. A la mi-décembre, la quasi-totalité d’entre elles sont tombées, emportées par les bourrasques automnales. Les arbres dénudés sont entrés dans leur période de repos. Pour autant, et sans que nous nous en soyons aperçus, ils se sont soigneusement préparés en vue de l’hiver et de la saison suivante, en nous donnant une jolie leçon de prévoyance.
Au printemps et en première partie d’été, un arbre se développe, il nourrit ses racines, il prend des forces et fait pousser ses rameaux. En seconde partie d’été, lorsque les jours commencent à raccourcir, l’arbre met fin à ce phénomène de croissance et prend d’autres dispositions. Il se met à fabriquer des bourgeons à l’extrémité de ses rameaux ainsi qu’à l’aisselle de ses feuilles. C’est dans ces bourgeons que se préparent, en miniature, les feuilles et les fleurs de l’année suivante.
Pour ne pas geler en hiver, les bourgeons sont protégés par une coiffe coriace composée d’écailles. Leur aspect diffère selon l’espèce d’arbre. Par exemple, les bourgeons sont noirs, pointus et plus ou moins triangulaires chez le frêne. Sur le marronnier, ils sont volumineux et recouverts d’une matière collante, la propolis, que les abeilles récoltent. Sur le magnolia, ils sont tout doux et recouverts d’un fin duvet.
Mais cette protection ne suffit pas en cas de grands froids. C’est là qu’intervient un autre phénomène : en regardant l’intérieur d’un bourgeon, on voit que les écailles s’emboîtent les unes dans les autres et permettent, par capillarité, d’absorber l’eau du cœur du bourgeon. La partie la plus précieuse, celle qui donnera les futures feuilles et fleurs, se déshydrate et se trouve protégée. Si le froid devient plus mordant, l’appel d’eau augmente et le centre du bourgeon se déshydrate davantage. Le contenu des cellules se concentre, comme un sirop, et la température de congélation s’abaisse. C’est le principe de l’antigel.
Au dégel, c’est l’inverse, l’eau repart dans le cœur du bourgeon. Quand vient le printemps, les écailles tombent pour permettre le développement du rameau. C’est un moment crucial pour l’arbre car, au débourrement, des gelées tardives peuvent venir brûler la jeune pousse qui a perdu sa protection.
Selon la nature de l’arbre, des bourgeons dits dormants pourront venir prendre le relais mais la végétation sera retardée. Dans le cas des arbres fruitiers, les gelées tardives compromettent les récoltes car les boutons floraux différenciés ne se reconstituent pas aussi facilement.
Association Les Jardiniers de Maubeuge et de la vallée de la Sambre