Balade avec les Jardiniers de Maubeuge et de la Vallée de la Sambre
Chronique pour « La Sambre » du 5 janvier 2024 N° 734
Le début de l’année peut constituer un moment propice pour réfléchir à la façon dont nous nous comportons dans notre jardin. J’entends parfois parler d’un « jardin propre », pour signifier qu’on n’y voit pas de mauvaises herbes. Oui, certes, mais attention : la notion de propreté n’est pas la même à la maison et au jardin.
Dans les pièces où nous vivons, l’hygiène est importante. Nous faisons la chasse aux microbes et aux poussières pour vivre dans un environnement agréable et sain. Mais est-il judicieux d’étendre cette notion de la même façon au jardin ? Bien sûr, nous enlevons au fur et à mesure de leur arrivée, les emballages plastiques, canettes, paquets vides de cigarettes et autres déchets que des personnes indélicates et le vent amènent dans nos parterres.
Au jardin, un certain désordre est utile à la vie. Heureuse négligence ! Plus un espace comporte de niches potentielles, plus il est susceptible d’abriter une vie intense. Les lisières sont des emplacements stratégiques : pied de haie, bordure de massifs, abords de murets, mais aussi un tas de branches « oubliées ».
Ces lieux offrent gîte et couvert à une nombreuse faune, dont les escargots et les limaces, mais aussi à leurs prédateurs. Il est nettement plus facile de modérer les pullulations de gastéropodes, en les piégeant par exemple auprès des semis, si d’un autre côté il existe une équipe de contrôleurs bénévoles qui travaillent 7 jours sur 7 à l’affût des œufs de limaces et d’escargots : pour eux, c’est du caviar.
Dans un jardin, il est bon de venir en aide à la nature. Les nichoirs, abreuvoirs et abris à insectes ne suffisent pas s’il n’existe pas un accompagnement floral fournisseur de pollen et de nectar. Pourquoi ne pas créer une petite surface de jachère fleurie pour compléter joliment un gazon classique ?
Nous pouvons aller plus loin. Par exemple, oublions un fond de jardin pour y laisser croître pissenlits, orties, coquelicots, achillées mille-feuilles, bourses à pasteur et plantains qui offriront à la faune sauvage des graines, des feuilles et des cachettes. Plantons des haies mélangées de houx, troènes, ifs, sorbiers, sureaux, noisetiers, cornouillers, fusains, viornes, cotonéasters qui produiront de petits fruits et un enchevêtrement de branchages propices à la nidification. Semons des plates-bandes de fleurs telles que tournesols, coquelourdes, lin, nigelles, violas, cosmos qui seront visitées au moment où les graines mûres tombent à terre. Inventons de nouvelles pratiques plus en accord avec la nature. Pensons aux hérissons, aux insectes pollinisateurs, aux petits oiseaux, aidons-les à trouver abri et pitance.
Association Les Jardiniers de Maubeuge et de la vallée de la Sambre
Site internet : lesjardiniersdemaubeuge.fr